La feuille de Prat

La feuille de Prat

Les anciens et la grande guerre

On va voir fleurir ici et là divers témoignages sur la grande guerre pendant cette année 2014 ; il y en a un qui est directement lié à Prat communal : Annie Barés, dont la famille maternelle est issue du Matet de Maury a écrit un livre sur la correspondance des trois frères de la famille de sa mère qui sont partis au front ; l'un des trois décrit dans le détail ce qu'ils vivent au front ; ce qui m'a le plus frappé dans ces lettres, c'est qu'ils avaient toujours le souci avant tout de savoir comment ceux de leur famille arrivaient à gérer le travail qu'il y avait au fil des saisons ; c'était peut-être un moyen de se "sortir" de l'enfer des tranchées, mais aussi de continuer à jouer le rôle de chef de famille à distance. 

il faut aussi prendre conscience de ce que ces déplacements représentaient pour ces gens qui n'avaient jamais quitté Prat : aller à Foix était déjà une expédition, à pied, ça prenait plus d'une demi journée. 

Dans ce livre on retrouve leur découverte de nouveaux paysages, beaucoup plus plats et de la mécanisation qui facilite le travail des champs pour les semences ou les récoltes. 

On se rend bien compte également de l'horreur qu'ils ont eu sous les yeux. 

 

J'ai deux lettres de mon grand père qui était parti lui aussi (et donc l'un des trois frères parle dans l'un des lettres ; "l'aynat d'estables") ; je vous les mets dans le lien ci aprés ; à noter, à cette époque là on pouvait écrire les adresses sans code postal et ça arrivait....

A noter également : même dans les tranchées on soignait l'écriture et le vocabulaire. 

Mon grand père est parti par la suite à Théssalonique en Grèce (Extrait wikipédia : une partie des troupes évacuées des Dardanelles à l'automne 1915 est autorisée par le Premier ministre favorable à l'Entente, à s'installer à Thessalonique en vue de porter secours à la Serbie. En 1916, un total de 400 000 soldats français, britanniques et serbes sont présents dans la ville). On ne m'en a jamais parlé à la maison, j'étais bien trop petite quand il est décédé et il perdait la tête ; deux souvenirs cependant : un jour ma mère est allée le réveiller de la sieste car Marie Sans venait le voir ; il s'est dressé sur le lit et lui a dit "si j'avais un couteau je te tuerai" ; il a expliqué par la suite qu'il était en train de rêver de la guerre et qu'elle l'avait touché aux pieds alors qu'il rêvait qu'on le tirait par les pieds ; moi j'ai été effrayée d'entendre ça (il y a plus de 40 ans et je m'en souviens encore) ; l'autre souvenir est une jolie histoire : mon grand père avait ramené pour ma grand mère Marie une bague de Corfou (chevalière sur laquelle il y avait marqué Corfou). Mon père la portait quand il sortait le samedi soir ; une fois, il l'avait posée sur le buffet à l'entrée de la cuisine et quelqu'un est venu à la maison pour acheter des "cochonailles" ; mon père ou mon grand père se sont ensuite aperçus que la bague avait disparu ; mon père s'est fait copieusement engueler par son père, qui pensait qu'il l'avait donnée à un fille...

Des mois plus tard, mon père était au café à Tarascon, lors d'une foire surement ; il a vu sa bague sur le doigt de la serveuse ; malin il lui a dit qu'elle était jolie, etc... et la serveuse a fini par lui dire que c'était son ami qui la lui avait offerte ; mon père n'a rien dit et est allé directement à la gendarmerie pour expliquer qu'il avait retrouvé sa bague (il ne pouvait y avoir aucun doute, c'est une chevalière trés inhabituelle notamment en Ariège). Et évidemment le copain de la serveuse était l'homme qui était venu acheter des cochonailles à la maison. Comme quoi cette bague voulait rester dans la famille...vu le chemin qu'elle avait fait...

Dans le livre d' Annie Barés, l'un des frères demande lui aussi à sa femme la taille de son doigt pour lui fabriquer une bague en aluminium avec les douilles des cartouches.

Ca remet un peu les pendules à l'heure comme on dit : on parle parfois des gens de la montagne, paysans retirés dans leur coin isolé  comme de gens rustres, sans éducation, etc... et pourtant tous ces gestes, tous ces écrits montrent le contraire. 

 

Ci dessous le lien vers l'article de la depeche concernant le livre d'Annie Barés (les références précises sont Annie Collognat-Barés "trois frères dans la grande guerre" chez hachette Témoignage ; je l'ai trouvé au rayon jeunesse de la Fnac) :  Article sur livre Annie Barés

 

Et ici le lien vers les lettres et documents de mon grand père d'Estables :  Lien vers lettres de l’Aynat d’Estables guerre 14 18

 

Si certains d'entre vous ont des documents, sachez que la mairie de Saurat en recherche pour organiser une exposition   lien vers site Mairie de Saurat

Mais je suis également preneuse, de documents comme d'histoires, pour continuer à tracer sur ce blog. 

 

 

 



02/02/2014
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